(11 septembre 2019)
Interview de Laurence Algudo, vice-présidente du Centre communal d'action sociale de Seyssins
Alors qu’elle ne compte que 7300 habitants, la ville de Seyssins mène une politique de solidarité ambitieuse et inventive à travers son Centre Communal d’Action Sociale (CCAS). Elle couvre tous les âges, de la petite enfance aux seniors. Laurence Algudo, vice-présidente du CCAS, a répondu à nos questions.
Laurence Algudo participera à la réunion publique de Crolles 2020 sur la solidarité, le jeudi 19 septembre à 20h, salle Boris-Vian
Comment fonctionne le CCAS de Seyssins, avec quels moyens ?
Nous sommes installés en bordure d’un parc public, dans un bâtiment qui héberge également l’équipement d’accueil de jeunes enfants (EAJE). Notre effectif représente 37 équivalents temps plein, répartis en trois pôles : l’action sociale proprement dite, le pôle petite enfance et le pôle personnes âgées.
Le CCAS ne s’adresse donc pas uniquement aux personnes les plus fragiles ?
C’est une de ses missions, notamment avec l’attribution des aides sociales, mais c’est loin d’être la seule. Nous nous adressons à tous ceux qui à un moment de leur vie, cherchent un appui extérieur : le couple qui doit faire garder son enfant, les parents en difficulté face à un adolescent, le jeune en quête d’un emploi et d’un logement, la famille déstabilisée par un divorce, la personne âgée confrontée à l’isolement et à la perte d’autonomie…
En pratique, comment faites-vous pour bien répondre à autant de besoins ?
D’abord, nos activités ne sont pas dispersées entre de multiples services de la commune. Le CCAS dispose de locaux, d’un budget propre et d’agents, pour travailler de manière concertée et cohérente.
Ensuite, nous écoutons en permanence ce qui remonte du terrain : remarques des agents chargés de la crèche, du portage des repas ou de l’aide aux démarches sur internet, observations des associations locales, données du dernier recensement, inscriptions dans les écoles… Enfin, la ville défend un projet social clair : nous avons un cap.
Menez-vous également des analyses plus globales sur les besoins des Seyssinois ?
Oui, la loi nous impose de mener régulièrement une Analyse des Besoins Sociaux (ABS). C’est un outil indispensable pour anticiper. Exemple : l’écoquartier de Pré Nouvel va voir arriver 1500 nouveaux habitants. Quelles seront les priorités des familles : une crèche, un foyer d’accueil, une mission locale pour l’emploi, des médecins à proximité ? Comment accueillir les nouveaux arrivants et anticiper leurs besoins ?
Autre exemple : nous avons réalisé grâce à l’ABS que la commune comptait beaucoup de personnes âgées, éloignées de leurs enfants mais désireuses de vivre chez elles le plus tard possible. Elles ont besoin d’aide à domicile, de portage de repas, mais aussi de lien social pour rompre leur isolement. Ces observations guident nos choix d’actions.
Le CCAS peut-il répondre à toutes les attentes ? Vos moyens et vos budgets sont limités…
Le plus important, c’est d’anticiper et de cerner les besoins, car beaucoup d’habitants en difficulté ne viendront jamais frapper à notre porte. À nous ensuite d’agir sur différents leviers, en particulier l’intelligence collective et la force de propositions des administrateurs.
Le service de portage des repas propose aux personnes âgées isolées de leur apporter des livres empruntés à la bibliothèque communale. La crèche s’est battue pour conserver ses cuisinières et introduit désormais le bio dans les menus, à coût constant, en lien avec des agriculteurs locaux. Nous n’avons pas d’accueil parents/enfants mais beaucoup de familles fréquentent celui de Seyssinet-Pariset. Seyssins a donc passé une convention avec Seyssinet pour mettre à disposition un temps d’agent de la crèche. Autrement dit, on mutualise au lieu de faire des doublons !
Quelles sont les clés du succès d’un CCAS ?
La volonté d’aller au-delà de ses seules missions obligatoires et de la vision « comptable » et court terme de la solidarité. Et la conviction que nous sommes tous concernés, à un moment ou l’autre de notre vie. Dans une société où la précarité, l’individualisme et le délitement du lien social gagnent du terrain, nous avons encore plus besoin de nous serrer les coudes, de nous parler et d’innover.