(17 octobre 2019)
Interview de Fabrice Serrano vice-président Finances du Grésivaudan
Pourquoi les habitants de notre territoire ont-ils l’impression que le Grésivaudan ne les comprend pas ? Fallait-il instaurer les PAV ? À quoi sert une communauté de communes ? Fabrice Serrano, vice-président Finances, a répondu à nos questions. Vous pourrez dialoguer avec lui à la réunion publique du samedi 19 octobre, à Crolles.
Beaucoup d’habitants du Grésivaudan ont le sentiment que la Communauté de communes est loin d’eux et de leurs préoccupations. Est-ce aussi votre impression ?
Je ressens la même chose qu’eux, cette impression d’éloignement. C’est peut-être dû au fait que le Grésivaudan n’existe que depuis dix ans et qu’il est encore en construction. Sans doute aussi n’avons-nous pas assez expliqué notre mission et notre action, même s’il existe des outils de communication comme le journal trimestriel G L’info.
Beaucoup de personnes ignorent que le conseil communautaire est constitué des élus des communes. Les décisions ne sont pas prises par des technocrates qui ne connaitraient rien de notre territoire. Et les conseils mensuels sont publics : tout habitant peut y assister.
Pensez-vous que cette impression d’éloignement diminuera au fil du temps ?
Je l’espère. Le mandat en cours nous a rendus plus visibles, notamment avec la mise en place du réseau de transport Tougo. Le rapprochement récent avec le Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) de l’agglomération grenobloise va simplifier à terme le quotidien des usagers. La mise en place des Points d’apport volontaire (PAV) a été très remarquée également.
Êtes-vous surpris des réactions qu’elle a suscitées ?
Personne n’aime changer ses habitudes et nous savions qu’il y aurait un temps d’adaptation. Mais nous ne pensions pas que nos déchets déclencheraient de telles passions. Des élus ont été traités d’incompétents. Des personnes nous ont annoncé par courrier anonyme qu’elles jetteraient désormais leurs poubelles dans la nature. L’ambiance de certaines réunions publiques était électrique, comme si nous avions annoncé des fermetures d’écoles ou une augmentation massives des impôts locaux.
À Crolles, c’est surtout le manque de concertation qui est reproché ; la pétition de 2015 a stoppé un moment le déploiement des PAV, puis il a repris…
Je pense que nous n’avons pas assez expliqué notre démarche. Le Grésivaudan a travaillé plusieurs années pour définir une fiscalité commune, choisir un mode de collecte, décider jusqu’où il voulait recycler. Le conseil communautaire, c’est-à-dire les élus des communes, a voté en faveur des PAV et décidé de les installer en plusieurs étapes, en commençant par les communes de montagne. Il n’a jamais été question de tout arrêter.
Je veux rappeler que les enjeux des PAV ne se limitent pas à un changement d’habitudes. Le budget de traitement de nos déchets, qui est un des plus gros postes de dépenses du Grésivaudan, augmentait chaque année. La qualité du tri était insuffisante, ce qui est mauvais pour la planète et nous coûtait cher également. Le taux d’accidents du travail des « ripeurs » était très élevé ; mieux valait les reclasser dans des emplois plus sûrs, ce que nous sommes en train de faire. Sur la qualité du tri, les premiers chiffres des communes qui ont adopté les PAV sont encourageants ; attendons la suite.
De manière générale, quel doit être le rôle du Grésivaudan vis-à-vis des communes ?
C’est le bon échelon pour traiter les sujets pour lesquels les communes manquent de moyens ou ont intérêt à s’entendre. Prenons l’exemple de l’eau, où les lois successives votées par l’État renforcent sans cesse les exigences réglementaires. Aucune commune du territoire n’a les moyens de se payer seule une station d’épuration aux normes ou de rénover sa station construite il y a 30 ans ou plus.
Autre exemple, le vieillissement de notre population. C’est une réalité pour la majorité de nos communes : les familles restent car elles sont attachées au territoire, leurs enfants grandissent puis partent, peu de jeunes ménages s’installent à cause du prix des logements. Nous devons réfléchir à la fois sur nos capacités d’accueil en EHPAD, sur notre politique d’aide au maintien à domicile, sur les aides au logement pour les jeunes couples, sur notre politique de logement social. À l’échelle de chaque commune, cela n’aurait aucun sens : c’est ensemble qu’il faut agir.
Le Grésivaudan est-il uniquement une instance technique qui gère des budgets et des sujets ? Ou pourrait-il aussi nous faire rêver ?
Je le répète, nous sommes jeunes et encore en cours de structuration. Il reste beaucoup de travail pour définir les compétences qui resteront aux communes et celles qui passeront au Grésivaudan. La baisse des dotations de l’État met certaines communes en difficulté financière et a déjà conduit à des regroupements : Crêts en Belledonne, Plateau des Petites Roches… La priorité est donc de s’adapter à cet environnement changeant.
Mais c’est vrai, j’aimerais aussi que nous ayons un projet central de territoire, par exemple la transition énergétique, pour le décliner ensuite dans toutes nos compétences.