(23 mars 2019)
Quand l’équipe actuelle a débuté son mandat en 2014, l’Agenda 21 de la ville de Crolles était en place depuis deux ans. La mise en œuvre et le suivi de douze premières actions avaient été engagés. Depuis, il n’y a plus d’indicateurs, plus de comités de suivi et surtout, plus de conviction à la tête de la ville. Le développement durable serait-il devenu un sujet de second ordre ?
Un Agenda 21, rappelons-le, est une démarche de développement durable. Son but est de définir puis de suivre l'action d'une collectivité à travers des indicateurs, des temps d'échanges et de bilan. Il permet de sensibiliser les habitants d’un territoire et donc de faire évoluer les mentalités. Crolles a lancé son Agenda 21 en 2008. Et en 2012, après un long travail de diagnostic et de réflexion, 12 premières actions avaient été retenues.
En 2012, l’Agenda 21 de Crolles était sur les rails
Des exemples ? Confier une partie de l’entretien des espaces verts à une structure d’insertion, augmenter la part du bio et du local dans les repas servis par la mairie, créer un fournil pédagogique et participatif, former les dirigeants d’associations au développement durable...
Pour chaque action, nous avions défini des indicateurs de mesure. Le comité de suivi chargé de les examiner s’est réuni régulièrement entre 2012 et 2014. L’Agenda 21 de Crolles était sur les rails.
Mais en 2014, après les élections municipales, tout s’est arrêté. Il avait déjà fallu se battre pour que l’Agenda 21 figure dans notre programme. Une fois la nouvelle équipe en place, quand j’ai voulu fixer une première réunion, le maire m’a demandé de patienter : il y avait tant de nouveautés, tant de choses à déployer...
Bien qu’officiellement en charge du suivi de l’Agenda 21, j’ai accepté d’attendre, en pensant que le sujet reviendrait bientôt au premier plan.
Ce n’est « pas inintéressant », mais rien ne se passe
Le problème, c’est qu’il n’est jamais revenu. Avec une partie de la majorité, j’ai demandé à plusieurs reprises qu’il soit remis à l’ordre du jour. Sans résultat. J’ai proposé d’alléger le dispositif, en passant de quatre à deux comités de suivi par an. Sans résultat, il n’y en a pas eu un seul depuis 2014. Fin 2016, j’ai fait une nouvelle tentative, en suggérant d’associer Agenda 21, éco quartier et quartier durable. On m’a dit que « ce n’était pas inintéressant ». Mais il ne s’est rien passé.
Des 12 premières actions que nous avions retenues, beaucoup étaient lancées et continuent. Mais faute de suivi des indicateurs et d'évaluation, personne ne sait si elles sont utiles et efficaces, et l'effet d'exemplarité est annulé.
Par exemple, personne ne connaît plus la part du bio et du local dans les repas servis aux écoliers du primaire et aux collégiens de Crolles. Alors que la qualité de notre alimentation est un sujet qui nous préoccupe tous et que les services mettent en œuvre beaucoup de choses intéressantes, avec le soutien de l'élue en charge.
Pas envie de progresser ou de changer de comportement
Dans ces conditions, comment la commune peut-elle progresser et nous donner envie de changer de comportement ? Comment nous mobiliser sur ces enjeux planétaires qui nous rattrapent localement : le dérèglement climatique, l’épuisement des énergies fossiles, le recul de la biodiversité, l’affaiblissement du lien social ?
A la tête de la ville, malheureusement, le développement durable est un sujet délaissé voire ignoré. A l’exception notable de l’extinction de l’éclairage nocturne, ce qui a été fait depuis cinq ans l'a été sans transversalité, sans évaluation et avec une concertation absente ou trop limitée. Le plan de déplacement local a été élaboré par un groupe d’élus, sans pouvoir y associer les habitants. La ville a fait l’acquisition de poubelles de tri pour les événements ; elles sont rarement utilisées.
Pas de tri organisé à la mairie
Il n’existe pas de système de tri organisé pour les bureaux de la mairie. Papiers, cartons, plastiques, bouteilles, canettes : tout finit dans la même poubelle, sauf quand des agents motivés font l’effort de trier eux-mêmes.
Cet exemple, qu’on pourra juger anecdotique, est l’exact reflet de la situation de Crolles vis-à-vis du développement durable. De nombreux habitants et agents municipaux sont prêts à agir ou ont commencé à le faire. Mais pour fédérer ces initiatives, les rendre visibles, les pérenniser, susciter d’autres vocations, il manque l’impulsion, la conviction et l’envie qui devraient venir d’en haut. Il nous faudra donc, avec les agents municipaux et les habitants, relancer cette dynamique.
Anne-Fançoise Hyvrard