(12 mai 2019)
En sous-utilisant les outils d’urbanisme que nos voisins emploient avec succès et en confondant plan de circulation et plan de déplacements, Crolles continue à privilégier le court terme sur deux sujets déterminants pour notre avenir. Ils seront au centre des réunions du jeudi 16 mai (urbanisme) et du samedi 18 mai (déplacements).
Avec la politique déplacements, nous organisons l’ensemble des modes de transport disponibles sur la commune en prenant en compte leur rapidité, leur coût, leurs effets sur la santé et sur l’environnement. Avec la politique d’urbanisme, nous dessinons le paysage urbain et son évolution pour plusieurs dizaines d’années. Voilà bien deux sujets qui mériteraient toute notre attention, d’autant qu’ils sont intimement liés : plus les pôles d’activité sont dispersés, plus on prend sa voiture.
Les priorités à Crolles : automobile et voiries
Pourtant, à Crolles, ces deux piliers de l’action municipale continuent à être abordés à court terme. Côté déplacements d’abord, tout se passe comme si la voiture ne polluait pas, ne consommait pas de ressources fossiles et ne menaçait pas notre santé. Certes, nous avons eu droit ici ou là à des aménagements piétons et vélos. Mais tout est organisé autour de la voiture, qui reste la priorité et la référence : à Crolles, les routes sont larges, le stationnement abondant, et on ne lésine pas sur les réfections de chaussée.
C’est un de nos principaux points de désaccord avec l’action de la ville. Le programme sur lequel nous avions été élus en 2014 prévoyait un plan de déplacements, pas un plan de circulation. Il cherchait à réduire la part de la voiture au profit de moyens de déplacement dits « doux ». Il incluait une large concertation, car on ne change pas les comportements individuels sans une phase préalable d’échange, d’explication et d’appropriation.
Une enquête déplacements qui ne mobilise pas les foules
Au lieu de cela, nous avons eu quelques rares réunions publiques, des études auxquelles les Crollois n’ont jamais été associés, des réaménagements de rues qui ne changent pas grand-chose. Et dernièrement, une enquête déplacements auprès des habitants qui recueille si peu de réponses qu’il a fallu la prolonger d’un mois. Cherchez l’erreur... Au même moment, dans les balcons de Belledonne, des communes prêtent ou louent des vélos électriques. Et ça marche. Est-ce au-dessus de nos moyens ?
Urbanisme : pourquoi Crolles utilise-t-elle si peu les OAP ?
Côté urbanisme, il faut rentrer un peu dans la technique pour comprendre ce qui se joue à Crolles. Toute commune utilise des outils réglementaires tels que le Plan local d’urbanisme, ou PLU, qui sert à contraindre et à limiter. Pour faire un travail précis à l’échelle de quartiers ou de secteurs de la ville, et pour produire des projets cohérents, il existe depuis 2010 un autre outil, l’Orientation d’aménagement et de programmation ou OAP. Il aborde le long terme, prend le temps de la réflexion et intègre plusieurs problématiques : harmonisation avec le paysage communal, déplacements, environnement, participation citoyenne…
Dans la vallée du Grésivaudan, beaucoup de communes ont pris des OAP. Voyez par exemple le centre de Bernin : le « village-rue » d’autrefois s’est élargi et modernisé, a accueilli de petits immeubles situés en retrait de la voirie, a été égayé par des placettes et des zones végétalisées...Et à Crolles ? Nous avons deux OAP, une pour le quartier durable, une pour la ZAC écoquartier. Mais rien pour d’autres secteurs si importants : le cœur de ville, la route départementale, la rue des Sources… Alors, quand il s’y trouve une parcelle ou une maison à vendre, l’usage est d’aller négocier avec l’acquéreur ou son architecte, pour les orienter vers un projet qui s’harmonise avec la vision de la mairie. Mais ces négociations orales n’ont aucune valeur juridique, et l’acheteur finit par faire ce qu’il veut (pourvu qu’il respecte le PLU). Voilà pourquoi notre paysage urbain est si hétéroclite, notamment le cœur de ville qui attend toujours un projet volontariste et concerté.
On court derrière les problèmes au lieu de les anticiper
Attention : les OAP ne fixent aucune obligation aux vendeurs, et surtout pas de vendre à un prix inférieur au marché. Elles cadrent les projets des acheteurs, pour que le futur bâti s’harmonise avec ce qui l’entoure et avec une vision d’ensemble du quartier. Est-ce vraiment trop demander ?
La situation de la rue des Sources illustre bien ce manque. On y voit fleurir les petits immeubles de logements dont le rez-de-chaussée est dédié à l’activité et au commerce. Comme le PLU impose aux promoteurs de construire en retrait de 7 mètres par rapport à la rue, ils comptent installer leurs parkings sur cette bande de retrait. Mais les commerçants s’inquiètent de voir leurs devantures masquées par l’alignement des voitures stationnées (et on les comprend). Alors, la mairie retourne négocier avec les promoteurs. On court derrière les problèmes au lieu de les anticiper. Toujours le court-termisme...
Le mandat en cours aurait dû associer largement les Crollois à la réflexion sur les déplacements et l’urbanisme. Nous ne pouvons plus changer ce qui a été fait. Mais il n’est pas trop tard pour décider de peser davantage sur les choix à venir. Le 16 et le 18 mai, vous aurez deux bonnes heures pour donner votre avis, échanger avec d’autres habitants, poser vos questions : ne manquez pas cette occasion !